Des mouvements du quotidien reproduisent vos douleurs ou bien vous commencez à avoir des douleurs durant ou après votre sport, cela est un motif de consultation régulier !
La plupart des personnes voient la douleur sous un angle mécanique, comme si le corps fonctionnait comme une machine susceptible de se briser et de s’user et donc que la douleur représenterait des dommages tissulaires. Le « mal » serait donc un indicateur de « dommage » et donc les activités douloureuses seraient délétères et devraient être évitées.
Cette croyance encore très répandue, les recherches menées durant les dernières décennies ont montré que ce schéma de pensée était inexact. Setchell 2017
Le fonctionnement de la douleur est bien plus complexe et le corps humain dispose de mécanisme d’adaptation contrairement aux machines ! Nous comprenons maintenant que la douleur est une expérience complexe qui est davantage liée à la perception d’une menace et à un besoin de protection qu’à un dommage tissulaire actif. Cohen 2018 En outre, cette expérience peut être influencée par un certain nombre de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux, que nous appellerons facteurs biopsychosociaux. Moseley 2007
Bien sûr, nous reconnaissons qu’il existe des limites à la tolérance des tissus sous des charges externes, mais celles-ci sont plus fréquemment liées à des blessures dans le contexte de mouvements à grande vitesse et imprévisibles. C’est ce que nous observons dans les sports de terrain, où les taux de blessures sont effectivement beaucoup plus élevés par rapport à l’environnement plus contrôlé de la salle de sport, où nous pouvons nous adapter pour bouger de diverses manières (y compris avec une flexion rachidienne !). En outre, lorsque des blessures surviennent en salle de sport, elles ne sont généralement pas graves et se résorbent le plus souvent d’elles-mêmes en quelques jours ou semaines.
La question étant donc dois-je éviter de reproduire la douleur ?
Les connaissances actuelles mènent à penser qu’en effet il est intéressant et de continuer à se déplacer même si la douleur est partiellement reproduite. De plus la recherche récente met en évidence que la peur de bouger afin d’éviter de reproduire les douleurs, serait délétère et un risque de chronicité des douleurs.
Le modèle cognitivo-comportemental de la peur liée à la douleur met en avant que si la douleur, causée par une lésion ou un effort, est interprétée comme menaçante (catastrophisme vis-à-vis de la douleur), la peur liée à la douleur progresse. Cela conduit à un évitement/échappement, suivi d’une incapacité, d’un abandon et d’une dépression, responsables d’une persistance des expériences douloureuses et donc d’un cercle vicieux de peur et d’évitement croissants. En l’absence de catastrophisme, il n’existe pas de peur liée à la douleur et les patients affrontent rapidement les activités quotidiennes, ce qui les mène à une guérison rapide.
Par exemple, un patient se faisant mal au dos en se penchant en avant peut craindre de retourner dans cette position par peur de reproduire cette douleur. Le fait d’éviter de reproduire certains mouvements peut empêcher le corps de s’adapter, créant le sentiment d’incapacité ou de dépression.
L’approche la plus adaptée par rapport à la douleur est donc de rester actif en faisant des mouvements adaptés par rapport à la douleur. Puis petit à petit les rendre de plus en plus challengeant afin d’adapter votre corps face à cette douleur. C’est-à-dire que les mouvements effectués peuvent reproduire en partie la douleur, mais doivent rester tolérable et surtout pas s’aggraver. Cette démarche n’est pas toujours simple à mettre en place… Cet article ne met en avant qu’une partie des facteurs participants à la douleur et de nombreux autres peuvent potentiellement être à considérer.
Dans le cas où ce que vous faites actuellement ne fonctionne pas, il est probable que vous n’arrivez pas à mettre en place une évolution des mouvements adaptée à vos symptômes. Ne partez pas du principe qu’en répétant le même processus encore et encore, vous obtiendrez un résultat différent. Dans ce cas précis, il est possible que vous ayez besoin d’aide.
Mon approche consiste à soulager vos douleurs par de la thérapie manuelle puis de vous guider à reprendre vos activités quotidiennes par la mise en place d’exercices adaptés à vos symptômes.
Le processus :
Trouver un point de départ :
Trouvez un type et une dose d’exercice qui permettent d’améliorer ou de stabiliser les symptômes. Il n’y a pas de bons ou de mauvais exercices, il faut parfois faire preuve de créativité.
Adhérer au processus
Enchaîner les petites victoires afin de créer un élan positif sur le plan physique et psychologique. Il y aura des hauts et des bas en cours de route, car le processus n’est jamais linéaire.
Gérer les attentes
Être « sans douleur » n’est pas toujours un objectif réaliste à court terme. Les symptômes font toujours partie du processus, mais la douleur n’est pas synonyme de mal. L’objectif est de vous permettre de développer votre efficacité personnelle et de vous sentir en contrôle.
Retour au sport ou aux activités quotidiennes
Avec l’amélioration des symptômes, les difficultés des exercices augmentent progressivement et les activités quotidiennes reviennent à la normale. À partir de là, nous pouvons commencer à augmenter le volume d’entraînement pour continuer à développer les capacitées et la forme physique.
Si vous avez du mal à réaliser ce processus par vous-même, n’hésitez pas à prendre contacte avec moi ou un thérapeute dans lequel vous avez confiance proche de chez vous.